CD – Creative Sources Recordings – CS316, Lisbon 2015
1. Cloud Voices I - 22'07''
2. Cloud Voices II - 11'20''
3. Cloud Voices III - 29'03'
Ernesto Rodrigues - Viola
Eduardo Chagas - Trombone
Eduardo Chagas - Trombone
Abdul Moimême - Electric Guitar
João Madeira - Double Bass
Recorded in March 2015, Lisbon
Reviews
Au bord du silence, Cloud Voices, soit les voix des nuages, voient les sons des musiciens se déplacer très lentement dans l’espace comme un nuage en métamorphose permanente, se décomposant et se recomposant continuellement dans un ciel gris. Toutes les nuances des murmures, du souffle, de la vibration minimale, de légers frottements, un zeste d’harmonique pointe çà et là. On devine l’air traverser le tube du trombone d’Eduardo Chagas jusqu’au pavillon le plus lentement possible. Le bout des doigts d’Abdul Moi-même effleure les cordes de sa guitare amplifiée. La contrebasse de Joao Madeira émet de longues notes tenues, soudes presqu’impalpables. Le rythme, complètement absent au départ, s’exprime par des variations de la dynamique individuelle de chaque instrument, à tour de rôle. L’ensemble s’anime dans un crescendo d’intensités très lent au fil des trois mouvements de l’unique « composition » instantanée. Même s’il repasse de temps en temps sous le niveau, l’activité du groupe s’intensifie et les sons deviennent légèrement plus denses de manière imperceptible. Dans le troisième mouvement, le trombone bourdonne et des harmoniques se déchirent de courts instants et puis les sons se posent sur un drone et tout devient mystère. Il faut encore attendre bien des minutes pour que des sons métalliques de la guitare résonnent. La musique peut devenir plus sourde, plus grave, vibrer comme un moteur à l’arrêt et puis retomber à la limite de l’audible moins un détail. …. Le challenge consiste à renouveler entièrement les sons, leurs traces, les détails infinis, une multitude de vibrations infimes qui se distinguent des précédentes tout en maintenant cette sensation de glissement sans fin, cette stase indistincte de la troisième partie, nettement plus longue et qui semble ne pas vouloir d’arrêter. L’expression de l’attente, du temps suspendu, d’une léthargie auditive… en éveil. Le corps ne s’exprime par pas sa gestuelle dansée comme dans l’improvisation libre « traditionnelle » mais dans son étirement, son immobilité feinte, sa respiration. Il y a autant de concentration que dans NOR, la même écoute intense, une action constamment retenue… Ecoutée au casque, la musique a une réelle force. Enregistré en 2015, Cloud Voices est un beau chapitre Creative Sources made in Lisboa. Ne vous fiez pas au fait que Dörner et Frangenheim, des personnalités réputées jouent dans NOR pour imaginer que Cloud Voices soit moins réussi parce que les compagnons d’Ernesto sont des inconnus. Certains des enregistrements d’Ernesto Rodrigues avec ses compagnons d’un jour sont des expériences, fruit de moments éphémères et tentative – découverte. D’autres, comme NOR et Cloud Voices sont des développements vraiment remarquables et achevés d’une esthétique mûrement réfléchie et l’expression de sa démarche arrivée à maturité. Jean-Michel van Schouwburg (Orynx)
A three part improvised work for viola, trombone, electric guitar and double bass from, respectively, Ernesto Rodrigues, Eduardo Chagas, Abdul Moimeme, and Joao Madeira, an ascending conversation that uses innuendo, mystery, subtle movement, silence and swells to create atmospheric environments, each "voice" shifting enigmatically in sublimely hazy ways. (Squidco)