CD – Creative Sources Recordings – CS 843, Lisbon 2024
Ernesto Rodrigues - Viola
Frank Gratkowski - Alto Saxophone, Clarinet & Bass Clarinet
Guilherme Rodrigues - Cello
Recorded March 2024, Berlin
Cover design Carlos Santos
Reviews
A wonderful encounter of the Rodrigues family with my beloved Frank Gratkowski and Michael Griener, recorded live at Kühlspot Social Club, Berlin. The highlight of the album is the opening "Fantastic", which lasts over 37 minutes, and indeed is fantastic. The sound space is, of course, filled by the viola-cello conversation, but then ornamented amazingly by Frank, who begins on clarinet, continues then on bass clarinet and on alto saxophone, to conclude very lyrically on bass clarinet again. Michael Griener is quiet and subtle, but absolutely irreplaceable.
The second track lasts 16 minutes and is also a masterpiece. It is very abstract and peaceful, giving incredible feeling of synergy between the members of the quartet.
The set ends with a short, four minute long "Torch". Short, but worth any sin: beautiful and touching, with absolutely amazing alto saxophone lines. Great stuff!!! Maciej Lewenstein
Les Rodrigues père (Ernesto l’altiste) et fils (Guilherme le violoncelliste) se font un point d’honneur d’enregistrer avec un nombre incalculable d’improvisateurs de tout bords qu’ils soient des inconnus ou des « talents locaux » ou des artistes de notoriété internationale. Étrangement malgré leur grand talent, les deux Rodrigues n’éclaboussent pas les programmations importantes, festivals incontournables ou endroits renommés. On les a entendus souvent avec Axel Dörner, Alexander Frangenheim, Carlos Zingaro, Fred Lonberg Holm et une kyrielle exponentielle de camarades portugais mais aussi récemment avec Alexander von Schlippenbach et Gunther Sommer. Voici deux collaborateurs providentiels de la scène germanique parmi les musiciens les plus demandés: le classieux saxophoniste-clarinettiste Frank Gratkowski et le batteur Michael Griener, lui-même proche compagnon de route de l’autre clarinettiste-saxophoniste d’envergure en Allemagne, Rudi Mahall.
Trois improvisations enregistrées au Kühlspot Social Club à Berlin de respectivement 37 :22 (Fantastic), 15 :44 (Invisible) et le final de 3 :58 (Torch). Comme le titre l’indique la chimie interne d’un groupe d’improvisation libre totale sont l’affaire de Molécules Instables avec ceci près que l’écoute mutuelle et la sensibilité des improvisateurs peut très bien tendre à une empathie sonore et des efforts conjoints procédant à une création collective presqu’ inconsciemment concertée. Le souffle boisé de la clarinette basse interfère discrètement avec les frottements stylés des deux cordistes alto et violoncelle alternant judicieusement sons d’ensemble et virevoltes animées l’intensité et les nuances desquelles coïncident avec le tempérament fluctuant du souffleur et les métamorphoses de son jeu à la clarinette basse. Le percussionniste négocie ses frappes au compte-goutte entrechoquant au hasard quelques cymbales, cliquetant les bords et les métaux pour créer des commentaires discrets, subtils, et parfaitement intégrés à l’ensemble. La musique de Fantastic traverse plusieurs phases habilement coordonnées confinant parfois aux miracles, alliant successivement et avec succès, retenue contemporaine, luxuriance, empressement ludique, exploration lucide, un drone en suspension. Plusieurs occurrences naissent les unes des autres et leur suite est réalisée avec un raffinement qui ferait rougir bien des compositeurs patentés. Le travail de Gratkowski est superbement magnifique dans sa contemporanéité et la qualité de ses timbres jusqu’au moment où il écorche dramatiquement la colonne d’air de son sax alto par un cri instantané qui mène curieusement à une phase silencieuse. Musique de contraste. Le flux sonore discrètement omniprésent d’Ernesto Rodrigues est soyeux et dynamique à souhait et profondément inspirant par ses oscillations - soniques boisées et ses harmoniques contraintes, ostinatos métamorphiques contrebalancés par les profonds coups d’archet de son alter ego au violoncelle, dans l’ombre duquel le murmure soudain de la clarinette basse vient se cacher dans un mouvement final vers l’inertie en lent decrescendo du meilleur effet. Une musique d'une richesse fabuleuse, du contemporain aussi habilement spontané que maîtrisé. Jean-Michel Van Schouwburg (Orynx)