Ces enregistrements du trio Ernesto Rodrigues, Guilherme Rodrigues et Nuno Torres s’étalent en sept mouvements sur deux compacts, le premier mouvement (Berlin I) atteignant les 43 minutes qui résume et développe simultanément à lui tout seul l’essence de leur musique improvisée aérienne tour à tour élégiaque, lunaire, raffinée, affairée. Entre l’alto d’Ernesto et le violoncelle de Guilherme s’insère discrètement le saxophone alto de Nuno Torres à la sonorité travaillée spécifique. La lingua franca du free-jazz ou du be-bop fait appel à cette sonorité tranchante, brillante, pleine de sève, colorée, une expressivité pétillante, pleine d’altérations de la gamme pour accentuer le phrasé quasi-agressive. Parker, Coleman, Dolphy, Osborne, Watts, Lyons, ou même Marion Brown. Mais le son de Nuno Torres n’a tout autant rien à voir avec ceux de Paul Desmond, Konitz ou Pepper. Il semble qu’il vise à intégrer son souffle aux timbres des deux instruments à cordes, à leurs frottements, à leurs sons graves avec un son granuleux, lunaire, une texture proche de celle de l’alto d’Ernesto, des giclées de staccatos cotonneux, cette sonorité détimbrée imitant les qualités sonores des vibrations des cordes. Il faut vraiment tendre l’oreille et se concentrer pour isoler et entendre réellement où se situe le son du saxophone au sein du trio. Berlin 1 est à lui tout seul le contenu d’un album qui se suffit à lui-même et constitue une œuvre que les trois musiciens auraient pu publier isolément dans un album. On y trouve une belle suite dans les idées dans l’évolution de leur improvisation avec une variété de climax et d’assemblages de formes, de sonorités diffuses, de traitement du son d’ensemble et celui de chacun des trois protagonistes.
Mais, ils ont choisi d’accumuler les témoignages de leur tournée avec un morceau de durée moyenne de 10 minutes , deux pièces très courtes et trois longues improvisations de 27, 22 et 23 minutes durant lesquelles ils distendent la musique, recherchent les sonorités, s’étalent en drones scintillants, agrégats lumineux ou ombragés, murmures de rayon de lune, frottements délicats ou subtilement grinçants, coups de griffes, grattages, pizzicatos oscillatoires, sonorités voilées sur lesquelles le souffleur répand parcimonieusement notes désincarnées, effets de souffle, pépiements ralentis. On y trouve des chassés croisés bruitistes, sifflants ou vif argent accidentés…. Les propriétés du mercure qui s’assemble dans une masse et éclate dans une multitude de bulles qui s’agrègent instantanément à la moindre secousse… Le premier mouvement cultivait des formes tangibles, une écriture précieuse dans une série de constructions « logiques ». Par la suite, on cherche, on gratte, on frétille, fait tournoyer des spirales ou projeter des éclats mats qui se métamorphosent dans des motifs volatiles complexes ou ces échanges ludiques, voire rebondissants. Et ce sens de la dérive poétique, de la fuite en avant et de l’infini des configurations sonores multipliées sans frein procurent un plaisir intense à l’écoute et à la sensibilité pour les instruments à cordes dont l’adage souligne l’empathie innée entre eux mieux que face à un autre instrument. Adage démenti ici par la superbe démarche de Nuno Torres au sax alto qui s’allie merveilleusement avec les trames sonores des deux cordistes à l’alto et au violoncelle. Quand on pense que ces même messieurs sont parvenus à enregistrer un album remarquable et cohérent avec Alex von Schlippenbach et Willi Kellers ou avec Udo Schindler.
Un enregistrement majeur dans le parcours discographique massif des Rodrigues, E. & G. et la mise en valeur des ressources insoupçonnées de l’improvisation libre. Jean-Michel Van Schouwburg (Orynx)
[…] “Whispers in the Moonlight” é muito diferente, mas igualmente entusiasmante. Destaca-se, aliás, de anteriores incursões do trio. Está para cá de um Emmanuel Nunes, um Ferneyhough, um Lachenmann: tem indubitáveis conexões e cumplicidades com um certo património da música notada contemporânea, mas transpondo essa sensibilidade para a da música improvisada. Não há corte com a tradição erudita, mas transposição desta segundo uma lógica do instante e da espontaneidade. A integração da violeta e do violoncelo, tocados pelo pai e pelo filho Rodrigues, com o saxofone alto de Nuno Torres adicionando-se a meio, atinge um nível de osmose que faz com que por vezes pareçam ser mais numerosos os intervenientes, assim como parece haver alguma orquestração prévia ou de pós-produção. Não há. A música flui em dois planos, um aéreo, camerístico, clássico por assim dizer, e outro mais ao nível do solo, terroso, orgânico. Em contradição com o passado reducionista destes músicos, há torrentes de elementos a sucederem-se e a enovelarem-se em múltiplos graus de dinâmica e há densidade, aqui ou ali integrando vazios ou transparências. A audição desloca-se com a progressão oferecida, percorre-se o disco como uma viagem, passa da música a impressão de que nos movemos, mas nunca numa só direcção. Esta é uma música de curvas, desvios, viragens, cruzamentos.[…] Rui Eduardo Paes (Passos na Floresta)